Simone Ehivet Gbagbo, affectueusement surnommée « Maman Simone » ou « la lionne Abourey », est une figure centrale de l’histoire politique de la Côte d’Ivoire. Née le 20 juin 1949 à Moossou, elle est la cadette d’une famille nombreuse et bénéficie d’une éducation stricte qui la mène vers un parcours scolaire et universitaire jalonné de succès.
Les années de formation et l’éveil au syndicalisme (Années 1970 – Début des années 1980)
Simone Gbagbo excelle durant ses études. Major de sa promotion au concours d’entrée du CAPES, elle poursuit ses études supérieures à l’Université Paris XIII, obtenant une maîtrise en lettres modernes en 1976. Elle enrichit ensuite son parcours avec un DEA à l’Université de Dakar en 1981, suivi d’un doctorat. De retour en Côte d’Ivoire en tant que professeur de l’enseignement secondaire, elle obtient également une licence en linguistique africaine en 1984.
C’est durant cette période que son engagement syndical se forge. Active au sein de la Jeunesse Estudiantine Catholique (JEC), de la cellule Lumumba, du Syndicat de Professeurs de Lycée (SYNESCI) et du Syndicat de Professeurs d’Université (SYNARES), qu’elle dirige, elle s’imprègne des idées révolutionnaires et commence à s’intéresser à la politique, un milieu alors bouillonnant d’intellectuels engagés.
La clandestinité et la naissance du FPI (1982-1990)
Dans une Côte d’Ivoire dominée par le parti unique d’Houphouët-Boigny, Simone Gbagbo fait le choix de la clandestinité. En 1982, aux côtés de Laurent Gbagbo, qu’elle rencontre en 1973, et d’une poignée d’hommes, elle co-fonde le Front Populaire Ivoirien (FPI). Ce parti d’opposition marque le début du multipartisme en Côte d’Ivoire.
Son engagement lui vaut plusieurs incarcérations, partagées avec Laurent Gbagbo, qui devient son époux en 1989. Malgré la répression et les difficultés (y compris l’exil de Laurent Gbagbo et la nécessité d’élever seule leurs jumelles), elle reste inébranlable dans sa lutte pour les valeurs du FPI.
Les premiers pas en politique et la radicalisation (1990-1999)
En 1990, la Côte d’Ivoire organise ses premières élections multipartites. Si Laurent Gbagbo est battu à la présidentielle et Simone échoue aux législatives et municipales, cette année marque un tournant. Le FPI décide d’exprimer ouvertement les frustrations sociales, ce qui accentue les tensions avec le gouvernement. Ces années sont marquées par des violences, des brimades et des emprisonnements pour le couple Gbagbo, renforçant leur détermination politique.
Après la mort du président Houphouët-Boigny en 1993, le paysage politique se redéfinit. Une tentative d’alliance avec Alassane Ouattara au sein du Front Républicain échoue. Le FPI poursuit sa route seul. En 1995, Simone Gbagbo est élue députée et prend la présidence du groupe parlementaire FPI à l’Assemblée nationale, affirmant ainsi la présence de son parti dans l’arène politique.
L’accès au pouvoir et le rôle de Première Dame (1999-2010)
Le coup d’État de 1999, mené par le Général Robert Guéï, crée un nouvel élan. Simone Gbagbo se montre particulièrement active lors de la présidentielle de 2000, adoptant une image de croyante pieuse, ponctuant ses discours de références bibliques.
Lorsque Robert Guéï refuse de reconnaître les résultats des élections de 2000, le FPI mobilise ses partisans. Simone Gbagbo devient alors Première Dame de Côte d’Ivoire. Son style de vie simple lui permet de maintenir un lien fort avec la population, et elle est reconnue pour son influence politique.
La crise post-électorale et la prison (2010-2017)
La crise post-électorale de 2010 est une période intense. Simone Gbagbo multiplie les meetings, dénonçant ouvertement la France et les Nations Unies pour leur soutien à son adversaire. Elle reste fidèle à son époux, le soutenant dans le bunker du palais présidentiel alors que les combats font rage.
Le 11 avril 2011, elle est capturée avec Laurent Gbagbo. Lors de son procès en 2016, elle dénonce les mauvais traitements subis après son arrestation. Accusée d’atteinte à la sûreté de l’État, Simone Gbagbo est condamnée à 20 ans de prison.
Retour à la liberté et Vve actuelle (Depuis 2018)
Après sept années de détention, Simone Gbagbo bénéficie d’une amnistie annoncée par le président Alassane Ouattara en 2018, retrouvant ainsi la liberté.
Depuis sa libération, Simone Gbagbo a repris une place active sur la scène politique ivoirienne. En 2022, elle a lancé son propre parti politique, le Mouvement des Générations Capables (MGC), marquant une nouvelle étape dans son parcours, distincte du FPI dirigé par son ex-époux.
Un événement notable de sa vie personnelle est le divorce officiel de Laurent Gbagbo et Simone Gbagbo, prononcé en 2023 après deux ans de procédure. Malgré ce divorce, elle a affirmé sa volonté de continuer à porter le nom Gbagbo, considérant qu’il est intrinsèquement lié à son identité et à sa reconnaissance internationale.
Simone Gbagbo s’est positionnée en tant que candidate à l’élection présidentielle de 2025, ayant été investie par le MGC fin 2024. Elle se concentre sur des thèmes tels que la souveraineté nationale, la réconciliation entre les différentes communautés ivoiriennes et la transformation des conditions de vie des populations. Elle exprime son désir de « bâtir une nouvelle Côte d’Ivoire » et son optimisme quant à la possibilité de créer un nouveau contrat social.
Son retour dans l’arène politique est marqué par une volonté de « ramener la confiance » et d’œuvrer pour des réformes électorales, tout en se disant prête à se conformer aux décisions de son parti concernant la candidature unique de l’opposition.
Simone Gbagbo, malgré son âge (elle est née en 1949), demeure une figure influente et déterminée, engagée dans les débats politiques actuels de la Côte d’Ivoire et aspirant à jouer un rôle majeur dans l’avenir du pays.
Sources officielles.