Au Burkina Faso, huit mois maintenant que l’on est sans nouvelle des journalistes Kalifara Séré, Serge Oulon, Adama Bayala, et Alain Alain enlevés à Ouagadougou par des inconnus, parfois cagoulés ou masqués en juin 2024, selon les témoignages.
La disparition du chroniqueur de BF1, Kalifara Séré, le 19 juin 2024 marquait le début d’une série d’enlèvements et d’arrestations au sein de la presse burkinabè. Les quatre hommes de médias ont disparu en l’espace d’un mois seulement entre juin et juillet 2024. Selon Reporters sans frontières (RSF), ces voix, jugées critiques par la junte du capitaine Ibrahim Traoré, ont été réquisitionnées par l’armée pour combattre au front contre les jihadistes.
Le journaliste Serge Oulon, du journal L’Événement, auteur d’une enquête sur des détournements de fonds destinés aux VDP, est enlevé à son domicile. Le chroniqueur de BF1, Adama Bayala, est kidnappé en pleine circulation après avoir reçu des menaces et son collègue Kalifara Séré a disparu après sa convocation au Conseil supérieur de la communication.
Ce n’est que quatre mois plus tard, lors d’une session de la Commission africaine des droits de l’homme, que le ministère de la Justice du Burkina Faso a révélé, que les trois journalistes ont été légalement réquisitionnés par l’armée « sur la base du décret portant mobilisation générale et mise en garde ».
Mais Sadibou Marong, directeur Afrique de Reporters sans frontières (RSF), ne cache pas son inquiétude. « Pour le cas d’un certain nombre de défenseurs des droits humains, de voix dissidentes qui avaient été arrêtées et enrôlées dans l’armée, généralement, on voyait que trois ou quatre mois après, ils faisaient des apparitions. Mais pour le cas de ces journalistes-là, en tout cas, Adama Bayala, Serge Oulon et Kalifara Séré, par exemple, ne sont plus réapparus en public depuis leur audition au mois de juin », explique-t-il.
Le RSF s’inquiète particulièrement du sort d’Alain Traoré, dit « Alain Alain », connu pour sa chronique satirique « Le Défouloir » sur Radio Omega, enlevé à son domicile moins d’un mois après ses confrères et qui reste introuvable aujourd’hui.
Bekanty N’ko avec RFI