L’État congolais a déposé une plainte en France et en Belgique contre des filiales du groupe Apple, accusé d’utiliser dans ses produits des minerais « exploités illégalement » en République Démocratique du Congo (RDC).
La RDC accuse depuis plusieurs mois le groupe Apple d’acheter des minerais passés en contrebande depuis l’est instable du pays jusqu’au Rwanda voisin, où ils sont blanchis et « intégrés dans les chaînes d’approvisionnement mondiales ».
La plainte vise non seulement des faits précis, mais également des « pratiques commerciales trompeuses » qu’Apple aurait utilisées pour « assurer les consommateurs que les chaînes d’approvisionnement du géant de la technologie sont propres », précisent les avocats Robert Amsterdam (Washington), William Bourdon et Vincent Brengarth (Paris) ainsi que Christophe Marchand (Bruxelles) dans un communiqué publié par l’AFP le mardi 17 décembre 2024.
Déposée à Paris, la plainte accuse Apple de recel de différents crimes, incluant des crimes de guerre, de blanchiment, de faux, d’usage de faux et de tromperie. Pour appuyer leur plainte, les avocats insistent sur des travaux des Nations unies, du Département d’État américain et d’ONG internationales telles que Global Witness. Ils ont également écrit à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, pour initier un dialogue sur le rôle que l’Union européenne pourrait jouer dans la « responsabilisation » des acteurs impliqués.
Pour rappel, l’est de la RDC, riche en minerais, est plongé dans une violence depuis les années 1990. La situation s’est aggravée avec la résurgence fin 2021 de la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, selon les autorités de Kinshasa (ndlr, capitale de la RDC). Ce groupe armé occupe désormais de larges portions du Nord-Kivu. Le gouvernement congolais accuse Kigali de chercher à s’approprier les ressources minières de la région. Cette ambition, selon Kinshasa, serait une des principales motivations du soutien apporté par le Rwanda à la rébellion du M23.
Bekanty N’ko