[ANALYSE]
Est-ce dû à sa voix, à son regard, à ses traits, à sa puissance, à sa douceur, à son écoute, à son odeur, à sa dextérité, à sa lascivité ou encore à l’arrogance de son désir ? Le fait est que pour celles qui aiment « gérer » plusieurs hommes à la fois, l’amant est toujours sexy.
Si bien que la femme séduite par ce sexy man, toute à son enthousiasme, est capable de témoigner d’une énergie sans bornes, surtout dans les parties de jambes en l’air. Elle se retrouve prête à changer son regard sur elle-même, à aimer même ce qui ne lui ressemble guère, à souffrir de la frustration d’une absence du gars au quotidien, à enfreindre la morale (en devenant plus sournoise que jamais), à contredire ses propres engagements, etc. C’est tout dire !
Ce qui soulève des question dans cette idée reçue de l’amant qui serait toujours plus sexy que le mari, c’est cette notion de comparaison qui oppose le mari à l’amant. Faut-il entendre que c’est parce que le mari serait moins sexy qu’elle a ressenti le besoin ou est tombé sous le charme de l’amant ?

Le mari, cause de l’infidélité de sa femme ?
De telles suppositions nous permettent de mieux comprendre une part de la violence ressentie par l’époux ou le compagnon trompé, imaginant le regard que la société pose sur lui : les ébats adultérins ou la double-vies de sa compagne témoigneraient aux yeux de tous de l’absence chez le mari de virilité et de sex-appeal.
Mais alors un amant possèderait-il donc tant d’érotisme et de virilité que cela justifierait une telle prise de risques chez la femme adepte de l’infidélité ? Ou ne serait-ce pas plutôt une recherche personnelle de celle-ci, ou la curiosité d’un ailleurs ou d’un autrement qui fait le regard velours sur cet homme pour qui elle se dispose, quels que soient ses défauts… y compris de virilité ? La question reste posée.
Comment imaginer la qualité érotique d’un individu sans y entendre sa propre quête, ses fantasmes, tissant la relation ainsi nouée de concert ? Par ailleurs, oublierions-nous que ces amants « irrésistibles » sont, pour nombre d’entre eux, des maris d’autres femmes, justement ?
Plutôt que de parler de « mieux qu’un mari », l’amant est en réalité simplement « autre ». Il offre à sa maîtresse/copine un regard nouveau sur elle-même et son érotisme. Cet homme gonflé d’élan conquérant l’autorise à incarner des désirs jusque là refoulés, pendant que le mari incarne le « devoir ».
Ainsi l’érotisme d’un couple s’élabore dans la rencontre, le projet qu’il se donne et la liberté qu’il s’octroie. C’est dans le mouvement des regards que nous posons les uns sur les autres que s’embrase ou s’éteint l’attirance sexuelle. Hiérarchiser la capacité érotique de deux hommes informe davantage sur le besoin de la femme de différencier sexualité et vie sociale que sur le sex-appeal réel et respectif de ces hommes.
Bien entendu, le mari ou compagne officiel peut s’interroger sur l’endormissement de sa conquête sexuelle au sein de son couple, alors qu’il ne manque pas de s’évaluer dans le regard des autres et de jouer de sa séduction, en toute innocence, à peine sorti de chez lui. Quoique…
Extrait de Faut pas rêver! By A. KWACEE