La Libye a lancé le premier appel d’offres depuis 17 ans pour l’exploitation de son pétrole. L’annonce a été faite lors d’un discours de Masoud Suleiman, président par intérim de la Compagnie Nationale du Pétrole (NOC), le lundi 3 mars 2025 à Tripoli, la capitale de la Libye.
Affectée par une situation politique, et sécuritaire instable depuis de longues années. La Libye compte aller au-delà de ces aléas, même si elle n’arrive pas à maintenir un taux stable, en thème de production. Les conflits entre factions armées concurrentes ont conduit peu à peu la fermeture temporaire de certains champs pétroliers, qui ont occasionné des baisses soudaines de la production. Selon les autorités, un “cas de force majeure”, finalement résolu en attirant de nouveaux investisseurs pour relancer l’exploration et moderniser le secteur énergétique en dépit de l’instabilité sécuritaire et politique qui règne dans le pays.
Néanmoins, la société italienne Eni, l’OMV et le BP britannique, ainsi que d’autres compagnies pétrolières ont annoncé, de reprendre leurs activités en Libye en 2023. A cet effet, la société Eni a signé un énorme contrat de 8 milliards de dollars avec la NOC pour produire du gaz en janvier 2023.
Le gouvernement libyen par intérim d’Abdelhamid Dbeibah est impatient, de tisser de nouveaux contrats avec de nouveaux investisseurs. L’autorité libyenne ne cherche surtout pas à attendre l’installation d’un gouvernement élu pour initier des projets dans le secteur. Le premier ministre par intérim pousse tant bien mal les investisseurs étrangers dans le pétrole et le gaz. Il a récemment mis en garde les Libyens contre le manque d’électricité, si “l’on ne développe pas le secteur du gaz dans le pays ».
Cependant, une partie des Libyens ont exprimés leurs inquiétudes face à l’appel d’offres et l’ouverture du secteur pétrolier à la concurrence. Ils réalisent que le pétrole et l’argent du pétrole participent à nourrir la lutte armée entre les différentes factions libyennes. La corruption en Libye est généralisée par une grande partie des revenus pétroliers, tout comme l’implication des chefs des milices dans le trafic du pétrole.
Pour ces Libyens, l’appel d’offres pour l’exploitation pétrolière risque d’attiser les envies des forces régionales et internationales qui veulent préserver leurs intérêts dans une Libye divisée et affaiblie.
Bekanty N’ko