L’incarcération de l’influenceur gabonais Novelas Overmax, survenue le 2 février après la diffusion d’images choc des urgences de l’Hôpital général de Libreville, continue de susciter une vive indignation. Cette arrestation, confirmée le 5 février par plusieurs sources, met en lumière un climat social tendu, exacerbé par les coupures d’électricité et le mécontentement croissant de la population, rapporte Info241
Novelas Overmax, figure influente sur TikTok, avait alerté ses abonnés qu’il était “recherché” avant d’être interpellé. Selon son proche Eric Otsetse, il a été placé sous mandat de dépôt et conduit à la prison centrale de Libreville. L’Hôpital général de Libreville aurait déposé une plainte à son encontre, bien que les autorités n’aient pas officiellement commenté l’affaire.
Sur les réseaux sociaux, de nombreuses voix dénoncent une tentative de museler les critiques face aux dysfonctionnements du système de santé. Certains internautes considèrent son arrestation comme une mesure répressive visant à détourner l’attention des problèmes structurels du pays.
L’arrestation de l’influenceur intervient dans un contexte de grogne généralisée. La coupure d’électricité du 2 février a été la goutte de trop pour de nombreux habitants de Libreville, confrontés à des délestages chroniques. En réaction, des manifestations spontanées ont éclaté, notamment un concert de casseroles. Un rassemblement prévu le 8 février a été interdit par les autorités.
Face à la montée des tensions, le gouvernement a tenté d’apaiser la situation dès le 3 février. Une visite conjointe des ministres de la Santé et de l’Énergie à l’Hôpital général, une réunion d’urgence au palais présidentiel et des excuses publiques du ministre de l’Énergie ont été annoncées. Le chef de l’État, le général Oligui Nguema, a reconnu l’ampleur du problème, qualifiant le réseau électrique de “système fragile” et promettant des réformes.
Libreville peine à couvrir ses besoins en électricité malgré une capacité installée de 323 MW et une production réelle oscillant entre 230 et 240 MW. Le réseau vétuste, géré par la Société nationale d’eau et d’électricité (SEEG), est en proie à des dysfonctionnements récurrents et à des scandales de détournements.
En septembre dernier, le général Oligui Nguema avait déjà dénoncé un “système mafieux” au sein de la SEEG, critiquant l’“incompétence” des responsables. Un exemple récent illustre ces dysfonctionnements sur 14 groupes électrogènes achetés pour 3 milliards de FCFA (4,5 millions d’euros), 10 restent inutilisables faute de compatibilité avec le réseau.
L’affaire Novelas Overmax soulève des interrogations sur la liberté d’expression au Gabon. S’agit-il d’une arrestation justifiée ou d’une tentative de faire taire les voix dissidentes ? Alors que le gouvernement promet des réformes, la population, elle, attend des actes concrets pour améliorer ses conditions de vie.
Charles Zahe