Maman Grâce Lucie, cela fait un moment qu’on ne vous entend plus…
Grace Lucie : C’est vrai. (Sourire), il faut dire qu’en plus de mon ministère de chantre, je suis aussi engagée dans le ministère pastoral, avec mon époux. Nous dirigeons une église, le Ministère de la Grâce et de la Louange Prophétique (MGLP) situé à Cocody Angré. Et vous savez, un ministère, c’est comme un bébé : il faut en prendre soin chaque jour. Du coup, on ne peut pas voyager ou se déplacer à tout moment. Si ce n’est pas vraiment important, on reste sur place. Voilà pourquoi on me voit moins souvent. Mais quand on m’invite pour des programmes de chantre ou pour la musique, je réponds toujours présente avec joie.
En marge du Prix d’Honneur que vous venez de recevoir, quelle est votre actualité musicale aujourd’hui ?
Il faut dire que depuis 2020, on travaille sur un nouvel album. Mais comme nous n’avons pas de producteur, ça avance lentement. Nous prions pour que Dieu ouvre les portes et que ce projet puisse voir le jour. Et puis, il y a eu ce moment fort que vous avez évoqué : ma région d’origine, le Zanzan, m’a effectivement appelée. Ils ont insisté en me disant : « Viens, on a besoin de toi ici. » Et là-bas, ils m’ont honorée comme la première femme artiste à sortir une œuvre discographique dans la région, toutes tendances confondues.
J’étais vraiment souffrante avec une sciatique qui me fatigue depuis quelques temps, mais je n’ai pas pu refuser. C’était la première édition des Awards de la Musique et des Arts du Zanzan (Amuaza). Et quand je suis montée sur scène… honnêtement, j’ai tout oublié : la douleur, la fatigue, tout s’est évaporé comme par miracle. Ce jour-là, j’ai compris que Dieu n’avait pas oublié son enfant. Parce que souvent, on pense que les gens ne nous voient pas, mais en silence, ils nous suivent, ils prient pour nous.
On sent que ce prix avait une signification particulière pour vous…
Ah oui ! Parce que parfois, on pense qu’on est seule. Et puis un jour, Dieu ouvre une porte et on te dit : « C’est toi la pionnière. » Quand je suis montée sur scène, tout le monde criait « Maman ! », « C’est toi ! ». Pour moi, ce n’est pas un prix matériel, c’est un prix du cœur. C’est comme si Dieu disait : « Ma fille, je suis avec toi. » Le Seigneur vient d’essuyer mes larmes. Je rends gloire à Dieu pour le président de l’Amuaza, Diabo Elvis, toutes les autorités du Zanzan, le ministre d’Etat Kobenan Adjoumani, le maire de Bondoukou, la ministre Kaba Nialé, la ministre de la Culture… Vraiment, que le Seigneur les bénisse tous.

Je vous sens pleine d’émotion à travers les remerciements…
Oui, parce que ce jour-là, j’ai vu toute une région se lever. Les autorités, les fils et filles du Zanzan, tout le monde était là : préfet, maire, artistes, habitants… Je dis merci à tous ceux qui ont mis la main à la pâte : que ce soit par des moyens financiers, logistiques ou même leur simple présence. Parce que quand quelqu’un quitte son bureau pour venir soutenir un événement culturel, ça montre qu’il croit en sa région.
Je n’oublie pas le ministre d’Etat Adjoumani, mon parrain depuis mon concert de 2016. Il m’a toujours soutenue. Que Dieu le bénisse et lui donne longue vie. Et je remercie aussi le peuple du Zanzan. Ce jour-là, j’ai compris qu’on n’était pas orphelins. On a parfois l’impression d’être oubliés, mais Dieu a touché le cœur de nos autorités.
Revenons à votre carrière musicale. Pour la gouverne des mélomanes, de quand date votre premier album ?
Mon tout premier album, Siméon — qui veut dire Persévérance — est sorti le 6 août 2002. C’est cet album qui porte le titre Si Jésus dit oui, personne ne peut dire non. Ce chant a fait le tour du monde. Même Beyoncé et Michelle Williams l’ont adapté et repris dans Say Yes. Plusieurs chantres africains aussi l’ont adapté. À l’époque, je n’avais pas les moyens pour les clips, mais Dieu a ouvert les portes quelques années plus tard.
Et depuis, combien d’albums à votre actif aujourd’hui ?
Après Siméon en 2002, le deuxième album est sorti en 2012. Et là, maintenant, on prépare le troisième album : Viens à Jésus. Il faut souligner que moi, je ne sors pas des albums pour remplir le marché, non. Il faut que chaque album ait un message profond et une qualité musicale. Pour ce nouvel album, on a travaillé avec plusieurs arrangeurs : David Tayorault, Evariste Yacé, Francis Adjiboyé, Adou Pascal, Docteur Adolphe Yacé… pour avoir une variété de sonorités.

Quels sont les thèmes que vous abordez dans ce nouvel album ?
C’est un album de dix titres. Avec des thèmes comme : la foi en Dieu, l’entraide et l’unité, l’amour du prochain, la cohésion sociale, etc. Des thème qu’on retrouvera dans des titres comme Il m’a fait du bien, Sans toi Seigneur, qui serais-je ?, et Babouato pour rappeler à ceux qui pensent que Dieu n’existe pas, qu’ils se trompent. Il y a également Broyo qui parle de l’orphelin et de la veuve en koulango… Côté rythmes, il y aura de tout : rumba, adoration, sonorités africaines… Comme toujours, je reste tout-terrain.
Un message pour vos fans ?
Je leur demande de continuer à prier pour nous. La musique chrétienne a besoin de soutien. Sans financement, c’est difficile d’avancer. Mais avec Dieu, on ne perd jamais espoir, je crois que Dieu n’a pas dit son dernier mot. Ce nouvel album va bénir beaucoup de vies, j’en suis convaincue.
Dates clés
- 2002 : Sortie de Siméon
- 2010 : Chandelier d’or du Meilleur album chrétien de l’année 2010.
- 2012 : 2ᵉ album
- 2014 : Lauréate de la 17ème édition du Concours international de musique du Bénin (Conavab Inter 2014)
- 2014 : Diplôme d’honneur de Radio Amitié.
- 2014 : Ambassadrice Femme d’actions missionnaires de Côte d’Ivoire
- 2025 : Prix d’Honneur Amuaza
– Préparation du 3ᵉ album Viens à Jésus