Abidjan, ce 8 septembre 2025 en fin d’après-midi. Le Conseil constitutionnel présidé par Chantal Camara Nanaba vient de rendre son verdict. A l’issue d’un exercice haletant de lecture de délibérés éliminant le gros lot des candidatures, cinq noms sortent du lot pour le grand rendez-vous de l’Histoire. Cinq destins, cinq ambitions, cinq chemins qui mènent tous vers un seul fauteuil, celui de la présidence ivoirienne.
Alassane Ouattara, le Patriarche des Ponts et des Grands Chantiers
Il est l’homme des autoroutes qui filent vers l’horizon, des échangeurs qui redessinent les villes, de la croissance à deux chiffres. Depuis 2010, Alassane Dramane Ouattara règne en bâtisseur infatigable. L’ancien gouverneur de la BCEAO, l’économiste du FMI, porte sur ses épaules le bilan d’un pays transformé.
Mais derrière la stature du sage se cache l’ombre des critiques. On lui reproche le temps qui passe, le fauteuil qui ne se libère pas, le rêve d’alternance qui s’étiole. Entre expérience inégalée et accusations de longévité excessive, le Patriarche avance, sûr de sa légitimité, porté par le béton et le bitume qu’il a semés.
Jean-Louis Billon, l’Héritier aux Rêves Modernes
Face à lui, Jean-Louis Billon, le prince des plantations d’hévéa et des ambitions réformatrices. Patron du groupe SIFCA, ancien ministre du Commerce, il a fait tomber la double nationalité comme on ôte un costume trop étroit pour revêtir l’habit de présidentiable.
Jeune, dynamique, il parle d’économie, d’innovation, de rupture avec les vieilles lunes politiques. Mais derrière le sourire du moderniste se cachent les fractures de son propre camp, le PDCI, où les querelles internes freinent son ascension. Billon avance, auréolé d’un souffle nouveau, mais encore novice dans les batailles présidentielles.
Simone Ehivet Gbagbo, la Guerrière des Années de Feu
Puis s’avance Simone. Simone la flamboyante. Simone la résiliente. Première dame hier, prisonnière demain, aujourd’hui candidate libre et ardente. Elle parle de paix, de réconciliation, de souveraineté alimentaire comme d’un serment pour panser les plaies d’une nation divisée.
Mais derrière elle, le vent porte encore l’écho des crises passées, des années où l’histoire de la Côte d’Ivoire s’écrivait dans le fracas des armes et des passions. Sa force : un charisme intact, une notoriété immense. Sa faiblesse : un nom qui ne laisse personne indifférent.
Henriette Lagou, la Dame de Paix
Plus discrète, mais déterminée, Henriette Lagou s’avance avec la sérénité d’une femme qui connaît la valeur des mots “inclusivité” et “stabilité”. Ancienne ministre sociale, fondatrice du RPC-PAIX, elle parle aux cœurs fatigués des crises, aux femmes qui rêvent d’un pays apaisé.
Mais dans l’arène où rugissent les titans politiques, sa voix douce risque d’être couverte par le vacarme des ambitions déchaînées. Elle avance pourtant, le regard fixé sur la paix comme une boussole inamovible.
Ahoua Don Melo, le Technocrate du Changement
Enfin, voici Ahoua Don Melo. Moins flamboyant, plus discret, mais armé de chiffres, de rapports et de programmes. Cet ancien ministre, économiste rigoureux, croit aux solutions techniques, aux politiques publiques bien ficelées.
Son défi : transformer la compétence en popularité, faire entendre les équations d’un pays meilleur dans une campagne où les slogans écrasent parfois les idées.
Le 25 octobre, la Côte d’Ivoire devra choisir. Continuité ou rupture ? Expérience ou renouveau ? Cinq visages pour un seul trône. Et l’Histoire, elle, retient toujours celui qui sait parler au cœur des foules.