Le chef de l’État malgache, Andry Rajoelina, doit s’adresser à la nation ce lundi 13 octobre à 19 heures (16h GMT), selon un communiqué publié par la présidence sur Facebook. Une prise de parole très attendue, alors que la contestation populaire s’étend et que des appels à sa démission se multiplient parmi les manifestants et une frange de l’armée.
Durant le week-end, Andry Rajoelina a dénoncé « une tentative de prise du pouvoir illégale (…) actuellement en cours » dans l’île de l’océan Indien. Une unité militaire, le Capsat, célèbre pour son rôle déterminant dans le coup d’État de 2009 qui avait porté Rajoelina au pouvoir, a appelé samedi les forces de sécurité à « refuser de tirer » sur les manifestants.
La localisation actuelle du président reste floue. Plusieurs rumeurs font état d’une fuite, mais ses services assurent qu’il est bien resté à Madagascar et continue d’« assurer les affaires courantes ».
Pendant ce temps, les rues d’Antananarivo ne désemplissent pas. Samedi et dimanche, des milliers de manifestants ont défilé dans le centre-ville, rejoints par des soldats venus leur rendre hommage aux victimes des affrontements. Selon les Nations unies, au moins 22 personnes ont été tuées et plus d’une centaine blessées depuis le début du mouvement, le 25 septembre. La présidence, elle, évoque un bilan moindre de 12 morts, qualifiés de « pilleurs et casseurs ».
Ce lundi encore, des centaines d’étudiants ont envahi les rues de la capitale dans une ambiance plus festive, au son des fanfares et sous les couleurs du drapeau national. Le collectif Gen Z, à l’origine du mouvement, a appelé à un nouveau grand rassemblement dans la soirée.
Initialement centrée sur les coupures d’eau et d’électricité, la colère s’est transformée en mouvement politique contre le président Rajoelina, 51 ans, accusé de dérive autoritaire et d’inaction face à la pauvreté. Dans ce pays où 80 % des 32 millions d’habitants vivent avec moins de 2,80 euros par jour, la tension sociale est à son comble.