L’armée israélienne multiplie ses attaques dans les camps de réfugiés palestiniens en Cisjordanie. Et les journalistes sont pris pour cible.
Ces attaques s’accompagnent de destructions de maisons et de déplacements forcés des populations. Et la présence des journalistes ne convient pas à l’État hébreu, qui intensifie les arrestations, détentions, destruction de matériels, et les interdictions de se déplacer. Le quotidien des reporters et photographes reste dangereux en Cisjordanie occupée.
Les arrestations arbitraires de journalistes visés par des tirs, ont pour interdictions d’exercer ou de se déplacer en Cisjordanie. Selon l’ONG Reporters sans frontières (RSF), “20 attaques ont été répertoriées autour des camps de réfugiés depuis l’année dernière, avec un total de 17 journalistes arrêtés”, a expliqué le responsable du bureau Moyen-Orient de RSF.
Notons que, l’armée israélienne a lancé le 21 janvier 2025 une opération spéciale visant les groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupé par l’Etat hébreu depuis 1967, provoquant ainsi le déplacement de plus de 40 000 habitants.
Pour le directeur des opérations de Médecin sans frontière (MSF), Brice de la Vingne, “une telle ampleur de déplacements forcés et de destruction des camps n’a pas été observée depuis des décennies en Cisjordanie”, a-t-il déclaré. Avant d’ajouter, “les gens ne peuvent pas rentrer chez eux car les forces israéliennes ont bloqué l’accès aux camps, détruisant les maisons et les infrastructures”. Selon le directeur, “Israël doit mettre fin à cette situation et la réponse humanitaire doit être renforcée”.
Le « Mur de Fer «
Baptisée “Mur de Fer”, l’opération de l’armée israélienne vise principalement trois camps de réfugiés en Cisjordanie occupée, notamment, Jénine, Tulkarem et Nour Chams. Le ministre de la Défense, Israël Katz, dans un communiqué paru le 23 février 2025 a expliqué, que cette opération durerait plusieurs mois. “J’ai donné pour instruction aux soldats de se préparer à un séjour prolongé dans les camps qui ont été évacués, pour l’année à venir, et de ne pas permettre le retour de leurs habitants ni la résurgence du terrorisme”. Une décision des autorités israélienne qui contraint le travail des journalistes dans la zone.
Latifeh Abdellatif, journaliste palestinienne de 34 ans, travaille pour plusieurs médias internationaux, rapporte un correspondant de RFI. La journaliste a été détenue pendant trois jours la semaine dernière. Malgré les risques dont elle encourt, Latifeh Abdellatif a raconté le jour de son arrestation lors d’une audience à Ramallah (capitale administrative de l’Etat palestinien, ndlr).
“J’ai été arrêtée dans des conditions étranges. Franchement, j’avais l’impression que c’était la mafia qui m’arrêtait, Je conduisais et la police m’a stoppée. Ils m’ont fait descendre et ont ouvert les quatre portières de la voiture puis ont fouillé le véhicule. Ils ont pris mon téléphone aussi. Et on m’a dit que j’allais être arrêtée. J’ai demandé à pouvoir aller récupérer mon fils de sept ans, mais ils ont refusé”, a-t-elle témoigné.
Bekanty N’ko