En Guinée, l’on a appris la nouvelle de la grâce accordée à l’ancien président et capitaine de la junte du Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD), Moussa Dadis Camara, le vendredi 28 mars 2025, par le général Mamadi Doumbouya.
C’est avant la fin du ramadan, que le général Mamadi Doumbouya a annoncé la grâce présidentielle pour l’ancien chef de la junte, Moussa Dadis Camara, pour “des raisons de santé”. Cela malgré la grave condamnation à 20 ans de prison ferme pour “crimes contre l’humanité” pour son rôle dans le massacre du 28 septembre 2009.
Une décision fustigée
Cependant, à Conakry, des partis politiques ne comprennent pas la décision du chef de l’Etat, selon eux, cette annonce met à mal la lutte contre l’impunité des crimes de sang en Guinée.
Une partie de l’opposition guinéenne qualifie la grâce accordée à Moussa Dadis Camara d’acte “humanitaire” et de “geste de réconciliation”. Mais une autre partie s’indigne, et qualifie la décision d’un “déni de justice”, un “stratagème politico-ethnique« ou un “décret illégal”, rapporte des correspondants de RFI.
L’une des victimes des violences de 2009, Sidya Touré estime qu’il aurait plutôt fallu gracier les auteurs de petits délits en cette fin de ramadan, “Les voleurs de téléphones, de moutons ou de bœufs sont nombreux dans nos prisons. Mais accorder la grâce présidentielle à quelqu’un qui doit purger plus de 20 années de prison, et qui n’en a même pas fait une année ? Donnons la chance à la justice de justifier ce qui est justifiable”.
Qui est Moussa Dadis Camara ?
Née le 29 décembre 1964 à Koulé sous-préfecture de Nzérékoré (région du sud-est de la Guinée, ndlr), Moussa Dadis Camara est un militaire et homme d’Etat guinéen au pouvoir du 24 décembre 2008 au 15 janvier 2010. Président de la junte militaire et du CNDD, Dadis Camara prend les rênes de la république guinéenne après la mort de Lansana Conté. Plus tard, blessé à la tête par son aide de camp Aboubacar Sidiki Diakité, l’ancien chef de la junte est hospitalisé au Maroc puis au Burkina Faso. Il quitte ses fonctions présidentielles après plusieurs semaines de convalescence.
Moussa Dadis Camara a vécu pendant douze ans en exil avant de revenir en Guinée, où il est arrêté et jugé pour son rôle dans les massacres du 28 septembre 2009 et condamné le 31 juillet 2024 à vingt ans de prison pour crimes contre l’humanité, jusqu’à cette grâce présidentielle le 28 mars 2025 par le général Mamadi Doumbouya président de la Guinée.
Bekanty N’ko